Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a mis samedi sous pression ses alliés européens, les exhortant à se renforcer pour éviter un accord forgé par les Américains « dans le dos » de l’Ukraine et de l’Europe.
« Je crois vraiment que le moment est venu de créer les forces armées de l’Europe », a exhorté le dirigeant dans un discours à la Conférence de Munich sur la sécurité, devant un parterre de responsables politiques internationaux. « Le temps où l’Amérique soutenait l’Europe simplement parce qu’elle l’avait toujours fait est révolu », a-t-il prévenu.
Sans concertation avec les Européens, le président américain Donald Trump a eu un premier entretien cette semaine avec son homologue russe Vladimir Poutine. Et s’il en a informé Volodymyr Zelensky, il n’a pas cherché à s’entendre au préalable avec lui sur une stratégie de négociation.
Son chef de la diplomatie, Marco Rubio, en tournée au Moyen-Orient jusqu’à mardi, et d’autres hauts responsables de l’administration américaine, vont rencontrer en Arabie saoudite des négociateurs russes et ukrainiens, ont indiqué samedi des responsables américains à Washington, sans donner de détails.
Auparavant le département d’Etat américain avait confirmé un appel téléphonique, annoncé par Moscou, entre Marco Rubio et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Les deux hommes ont convenu de « coopérer » sur l’Ukraine, selon Moscou, et Marco Rubio a réaffirmé la volonté de Donald Trump de trouver une issue au conflit, selon la partie américaine.

Dans l’immédiat à Munich, près de trois ans après l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie, plusieurs centaines de manifestants s’étaient sont rassemblés à proximité de l’hôtel où se tenait la conférence, faisant part de leur craintes quant à un face-à-face Trump-Poutine.
Les Etats-Unis « se présentent comme un bastion de la démocratie, et ils ont beaucoup aidé l’Ukraine, mais ces derniers temps je ne sais même plus quoi penser », a confié parmi eux Natalia Galouchka, une Ukrainienne de 40 ans.
« Trump n’aime pas les amis faibles »
Ces initiatives américaines inquiètent les partenaires de Washington. Dans ce contexte, le président français Emmanuel Macron a convié des dirigeants européens à une réunion lundi à Paris, a annoncé Varsovie, qui sera représenté.
L’Elysée n’a pas confirmé la tenue d’une rencontre lundi, évoquant des « discussions en cours ».
Le chef de l’Otan Mark Rutte a également confirmé sa présence à une réunion à Paris. Les Européens doivent montrer leur « utilité » s’ils veulent peser, a-t-il fait valoir.
L’Europe doit « jouer un plus grand rôle au sein de l’Otan » et travailler avec les Etats-Unis pour « assurer l’avenir de l’Ukraine », a lui aussi souligné le Premier ministre britannique Keir Starmer.
Les dirigeants de l’UE sont convaincus que la sécurité du continent se joue dans de futurs pourparlers sur l’Ukraine que l’administration américaine veut accélérer, mais ils peinent à imposer leur voix.
Donald Trump « n’a pas mentionné une seule fois que l’Amérique a besoin de l’Europe à la table des négociations », a mis en garde Volodymyr Zelensky. « Trump n’aime pas les amis faibles, il respecte la force », a-t-il souligné.
L’envoyé spécial américain Keith Kellogg, que Volodymyr Zelensky a invité à visiter la ligne de front, a laissé entendre que les Européens ne seraient pas directement impliqués dans les négociations, mais qu’ils auraient leur « mot à dire ».
Face au risque d’être marginalisés, « je vous exhorte à agir, pour votre propre bien », a lancé le président ukrainien.
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