Pourquoi la Russie a-t-elle frappé hier le principal hôpital pour enfants de Kiev ? Un message envoyé par Vladimir Poutine à l’OTAN qui se réunit cette semaine à Washington en présence de Volodymir Zelensky ?
Quel message envoie un pays qui bombarde un hôpital pour enfants ? A quel moment un général, un chef d’état-major, ou un président décide-t-il qu’il est légitime de lancer un missile de croisière sur un établissement médical qui soigne des enfants atteints de cancer ?
Les témoignages de l’hôpital Okhmatdyt de Kiev sont terribles
Des images choquantes de jeunes malades en traitement évacués des décombres dans les bras d’infirmières sous le choc ; le plus grand hôpital pour enfants d’Ukraine en partie détruit. Un bombardement massif qui a touché hier bien d’autres cibles dans le pays, et fait 33 morts et 140 blessés.
Pour le président Zelensky, la Russie ne peut pas ignorer où aboutissent ses missiles. Il a espéré qu’elle rendrait un jour des comptes pour « tous ses crimes, contre la population, contre les enfants, contre l’humanité ». Le Secrétaire Général de l’ONU a lui aussi condamné l’attaque ; mais si le Conseil de sécurité doit se réunir aujourd’hui, on sait bien qu’il est impuissant.
Ces attaques sont parmi les plus violentes en plus de deux ans de guerre
D’où la question : pourquoi ? Quel est le but de Moscou avec cette escalade dans l’horreur ?
En l’absence de toute cible militaire, l’objectif est donc psychologique : il vise à casser le moral des Ukrainiens, après avoir déjà visé les infrastructures énergétiques des grandes villes.
Le moment est aussi soigneusement choisi : à 48 heures du Sommet de l’OTAN à Washington. L’Alliance atlantique célèbre ses 75 ans dans un contexte de guerre sur le continent européen. Volodymyr Zelensky est attendu à Washington, où les participants devraient lui promettre encore plus d’aide militaire, sans toutefois l’adhésion qu’il souhaite.
Vladimir Poutine se sent suffisamment fort pour envoyer ce message dissuasif sous forme de missiles, à un moment où les Occidentaux sont traversés par des vents contraires.
Le président russe agit comme s’il ne craignait pas de provoquer les Occidentaux
Comme si les doutes sur la candidature de Joe Biden aux États-Unis et la perspective de victoire de Donald Trump en novembre, ou l’affaiblissement d’Emmanuel Macron en Europe, ne faisaient qu’alimenter son agressivité.
Le bombardement de l’hôpital a bien entraîné de nouveaux appels en Europe à envoyer des systèmes de défense aérienne à l’Ukraine. Selon certaines informations, la Pologne serait même disposée à abattre à partir de son sol les missiles russes dans le ciel ukrainien qui se dirigeraient dans sa direction.
La question est encore et toujours celle du rapport de force : Poutine discutait ces derniers jours avec le premier ministre hongrois, son « ami » Viktor Orban. Ils parlaient de la paix, mais d’une paix aux conditions du Kremlin, qui a un parfum de mort. Les Occidentaux, de leur côté, veulent redresser le rapport de force au profit de Kiev, sans toujours en avoir les moyens ; là encore pour négocier un jour.
Ce face à face est mortifère : qui, pourtant, peut s’opposer à donner à l’Ukraine les moyens de se défendre, après ce qu’on a vu hier à Kiev.
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