Frédéric Leclerc-Imhoff, qui travaillait depuis six ans pour la chaîne d’information, a été touché mortellement par un éclat d’obus, alors qu’il suivait une opération humanitaire d’évacuation de civils près de Severodonetsk. Le Quai d’Orsay a « exigé » une enquête transparente et rapide.
Il était parti en Ukraine « pour montrer la réalité de la guerre ». Frédéric Leclerc-Imhoff, 32 ans, journaliste reporter d’images pour BFMTV a été tué ce lundi au cours d’une frappe, alors qu’il suivait une opération humanitaire d’évacuation de civils près de Severodonetsk, pilonnée par les forces russes dans le Donbass.
« Aujourd’hui, un véhicule blindé a été envoyé pour évacuer une dizaine de personnes d’une zone sous le feu ennemi. Des éclats d’obus ont transpercé le blindage et blessé fatalement un journaliste français accrédité, qui filmait l’opération », a déclaré à la mi-journée le gouverneur de la région de Louhansk, Serhiy Gaidai. Celui-ci a précisé que de violents combats étaient en cours et que les Russes avaient pénétré dans Severodonetsk.
« Soutien inconditionnel de la France »
L’information, relayée dans un premier temps par le « Guardian » britannique puis par l’ONG française Reporters Sans Frontières, a été confirmée par la chaîne. « La rédaction de BFMTV et le groupe Altice média ont l’immense douleur de vous annoncer la disparition de l’un des nôtres », a-t-elle déclaré dans un communiqué. Frédéric Leclerc-Imhoff, qui travaillait pour elle depuis six ans, « était accompagné de son collègue Maxime Brandstaetter, qui a été légèrement blessé lors de cette frappe, et leur fixeuse Oksana Leuta, qui n’a pas été touchée ».
« Je partage la peine de la famille, des proches et des confrères de Frédéric Leclerc-Imhoff, à qui j’adresse mes condoléances, a réagi Emmanuel Macron sur Twitter. A celles et ceux qui assurent sur les théâtres d’opérations, la difficile mission d’informer, je veux redire le soutien inconditionnel de la France. »
En déplacement dans la région de Kiev au même moment, la nouvelle ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a dénoncé « un double crime, qui vise un convoi humanitaire et un journaliste ». « Je suis profondément attristée et choquée par la mort de notre compatriote Frédéric Leclerc-Imhoff, tué par un bombardement russe sur une opération humanitaire alors qu’il exerçait son devoir d’informer », a-t-elle encore écrit sur Twitter.
Huitième journaliste tué
La ministre, qui s’est entretenue avec le gouverneur de la région de Louhansk, a « exigé », une enquête transparente dans les meilleurs délais pour faire toute la lumière sur les circonstances de ce drame. « Nous condamnons fermement cet assassinat. La liste des crimes russes contre les professionnels des médias en Ukraine ne cesse de s’allonger », a déploré pour sa part Oleg Nikolenko, porte-parole du ministère des Affaires étrangères ukrainien, sur Twitter.
Frédéric Leclerc-Imhoff était en Ukraine pour la deuxième fois depuis le déclenchement de l’invasion russe, le 24 février. « Frédéric n’était pas une tête brûlée. Il pesait chaque minute de sa mission », a déclaré Marc-Olivier Fogiel, directeur général de BFMTV, sur le plateau de la chaîne.
Les trois membres de l’équipe « ont échangé comme tous les matins (pour évaluer les risques, NDLR) : Oksana et Frédéric ont estimé que la mission était suffisamment sécurisée pour pouvoir y aller. Maxime, lui, avait plus de questions, comme il aurait pu en avoir la veille ou le lendemain. Mais […] c’est aussi ça une équipe de reportage, des gens très soudés, ils ont décidé d’y aller », a exposé le patron de BFMTV.
Selon Reporters Sans Frontières, Frédéric Leclerc-Imhoff est le huitième journaliste tué dans l’exercice de ses fonctions en Ukraine depuis le début du conflit.
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