Je m’appelle Olena, comme une ombre,
Je m’évade d’une cave sombre,
Où l’asthme pousse comme un arbre.
Je cueillerai toutes pensées jolies,
La dolce Vita chère à l’Italie,
De la France, le fronton des mairies,
De l’Irlande, le printemps et l’été,
De Paul Éluard, sa belle liberté,
Avec ces trésors, un jour de clarté,
Je reviendrai rebâtir ma patrie.
Je m’appelle Valentyn, j’ai onze ans.
Je voyage avec de vieux paysans,
Tous ont en poche un peu de leur terre
Natale, fertile, brune et noire.
Moi, j’ai emporté les beaux souvenirs,
D’une autre vie, ceux qui m’ont fait grandir.
Le train raye la nuit, défiant les bombes,
Rageur, pour nous éviter les tombes.
Vivant, ange, ou avec une colombe,
Je reviendrai rebâtir ma patrie.
Boutcha, écrin verdoyant dès l’été,
Emplie d’enfants riant à satiété.
Aux amitiés partagées sans pareil.
Au cœur de l’hiver, de notre sommeil,
L’ennemi arrive et tue le soleil.
Puis il fuit, laissant la neige tachée.
Ma main sort à peine d’une tranchée,
comme mes amis, les poings attachés,
Une à une nos âmes ont lâché :
Je reviendrai rebâtir ma patrie.
Prince du ciel, bénis nos chers frères,
Tombés dans leurs bravoures altières,
Au front, une fois de plus sacrifiés,
Une à une leurs âmes ont crié :
Je reviendrai rebâtir ma patrie.
Gérard Taverne, 12/05/2022.
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