Kramatorsk, ville du Donbass encore sous le contrôle de l’Ukraine, a subi vendredi soir plusieurs bombardements au moment où Vinnytsia, beaucoup plus loin du front, continuait de compter ses morts après une frappe russe meurtrière la veille.
La frappe sur la place centrale de Kramatorsk, nommée Place de la Paix, a laissé un cratère de deux mètres et brisé les vitres des immeubles alentours mais n’a pas fait de victime car elle est intervenue après le couvre-feu, selon un responsable de la défense antiaérienne de la 81e brigade ukrainienne, sous couvert d’anonymat.
« J’étais sur mon balcon, j’ai vu un truc en train de brûler au milieu de la place, puis ça a explosé », témoigne Genya, un habitant de 72 ans. Auparavant, au moins trois frappes avaient touché le sud de Kramatorsk, vers l’aéroport, où des reporters de l’AFP ont vu un important panache de fumée. Depuis une hauteur, ils en ont aperçu un autre au-dessus de Sloviansk, ville également convoitée par les Russes.
Le ministère russe de la Défense a accusé les forces ukrainiennes de bombarder Sloviansk en faisant croire à des frappes russes « afin d’instiller des sentiments antirusses parmi la population civile ». Ces bombardements sur des villes interviennent au lendemain de frappes aux missiles de croisière qui ont dévasté le centre de Vinnytsia, à des centaines de kilomètres à l’ouest.
« L’identification de toutes les personnes coupables » de cette attaque « a déjà commencé », a indiqué vendredi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky, rappellant le bilan de 23 morts, mais aussi quatre disparus et plus de 200 blessés, dont quatre dans un état critique. « La société russe, avec autant de meurtriers et de bourreaux, restera anéantie sur des générations, et ceci par sa propre faute », a-t-il lancé, affirmant que la quasi totalité de l’Ukraine était sous alerte aérienne vendredi soir avec des frappes signalées à Dnipro (est), Krementchouk (sud-est de Kiev) et dans la région de Kiev.
Peu après, l’armée de l’air ukrainienne a indiqué que des missiles russes Kh-101 avaient été tirés vers 22H00 de la mer Caspienne sur Dnipro, dont quatre ont été détruits mais plusieurs ont atteint un site industriel sans faire de victime a priori. Le secrétaire général de l’ONU s’est dit « atterré » et l’UE a dénoncé de nouvelles « atrocités » et un comportement « barbare » des Russes.
Face à ces condamnations, le ministère russe de la Défense a affirmé vendredi avoir frappé une réunion du « commandement des forces aériennes ukrainiennes avec des représentants de fournisseurs étrangers d’armements ». Un haut responsable américain de la défense a cependant observé, sous couvert d’anonymat, n’avoir « pas d’indication sur la présence d’une cible militaire à proximité ». Parmi les morts figurent trois enfants dont Liza Dmitrieva, une fillette trisomique de quatre ans que sa mère Iryna poussait dans une poussette rose vif. Cette dernière, amputée d’une jambe, se trouve entre la vie et la mort.
La Russie n’a jamais reconnu de bavure ou crime de ses forces armées en Ukraine et assure systématiquement ne frapper que des cibles militaires.
« L’entière responsabilité »
Vendredi également, l’annonce par les autorités séparatistes prorusses de la région de Donetsk de la mort en captivité d’un Britannique, Paul Urey, a relancé les hostilités entre Londres et Moscou. Une ONG basée au Royaume-Uni, Presidium Network, avait annoncé le 29 avril que deux travailleurs humanitaires, Paul Urey et Dylan Healy, avaient été capturés par l’armée russe dans le sud de l’Ukraine. Mais selon Daria Morozova, une responsable des séparatistes de Donetsk, Paul Urey avait « dirigé des opérations militaires, fait du recrutement et de la formation de mercenaires » pour les forces ukrainiennes. Souffrant de diabète, de problèmes rénaux, respiratoires et cardiaques, ainsi que de « stress », il est mort le 10 juillet, a-t-elle assuré sur Telegram. A Londres, le ministère britannique des Affaires étrangères a indiqué avoir convoqué l’ambassadeur russe Andreï Kelin.
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