Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé vendredi les crimes d’une armée de “tortionnaires” russes après la découverte de centaines de corps enterrés sommairement dans une région reconquise, une nouvelle preuve des actes “épouvantables” de la Russie selon Washington, qui juge que même ses alliés indien et chinois mettent désormais Vladimir Poutine “sous pression”.
“La Russie ne laisse que mort et souffrance. Des meurtriers. Des tortionnaires. Privés de tout ce qui est humain”, a déclaré M. Zelensky sur Telegram, leur promettant un “châtiment terriblement juste”. Il a évoqué “plus de 400 corps” trouvés sur ce site d’enterrement de masse près d’Izioum, “avec des traces de torture, des enfants, ceux qui sont morts à cause des frappes de missiles, les combattants des forces armées ukrainiennes”.
La Russie agit de “manière épouvantable et cela se voit et se répète à chaque fois que la marée russe se retire de parties de territoires qu’elle a occupés en Ukraine. On voit ce qu’elle laisse dans son sillage”, a dit le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken à des journalistes à Washington. Il a ajouté que la Russie était sous “pression” pour mettre fin au conflit en Ukraine, après les préoccupations exprimées par Pékin et Delhi lors d’un sommet du groupe de Shanghai à Samarcande (Ouzbékistan). “Je crois que ce que l’on entend de la part de la Chine et de l’Inde reflète les préoccupations à travers le monde concernant l’impact de l’agression de la Russie contre l’Ukraine, pas seulement pour le peuple ukrainien”, a-t-il souligné.
Poutine veut continuer la guerre
Mais le président russe, Vladimir Poutine, a assuré vendredi que l’offensive de son armée allait se poursuivre en Ukraine, bien que, plus de six mois après son lancement et son échec à prendre Kiev, il n’évoque plus que la prise du Donbass, le bassin industriel de l’est du pays. “Nos opérations offensives, dans le Donbass, ne s’arrêtent pas, elles avancent à un petit rythme (). Le plan ne nécessite pas de changement () nous ne sommes pas pressés”, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Samarcande.
Sur le terrain, près de la ville d’Izioum (nord-est de l’Ukraine) reprise aux Russes la semaine dernière, les enquêteurs ukrainiens ont commencé vendredi à exhumer des corps dans une forêt où 443 tombes ont été découvertes, avec notamment une fosse contenant les corps de 17 soldats ukrainiens, selon Oleg Kotenko, responsable gouvernemental pour la recherche des personnes disparues.
Deux hommes en tenues blanches y creusaient vendredi dans le sol sablonneux, près d’une croix avec l’inscription: “armée ukrainienne, 17 personnes. Izioum, de la morgue”, selon des journalistes de l’AFP sur place. Au moins un corps, exhumé d’une autre tombe, a été retrouvé avec les mains liées avec une corde. Il était impossible d’établir dans l’immédiat s’il s’agissait d’un civil ou d’un militaire, le cadavre étant très abîmé, selon l’AFP.
Salles de torture
Ces tombes ont été creusées par les forces russes qui avaient pris la ville en mars et l’ont occupée jusqu’à la semaine dernière, a indiqué M. Kotenko. “Les tombes qui ne portent pas de noms sont celles de gens (trouvés) dans la rue”, a précisé M. Kotenko, selon lequel “il y a beaucoup de personnes qui sont mortes de faim”. “Cette partie de la ville était isolée, sans ravitaillement. Les gens étaient bloqués, rien ne marchait”.
Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU a immédiatement indiqué vouloir envoyer une équipe à Izioum pour “déterminer les circonstances de la mort de ces personnes”. Le chef de la police ukrainienne, Igor Klymenko, a de son côté annoncé la découverte de 10 “salles de torture” dans des localités reprises aux Russes dans la région de Kharkiv, dont six à Izioum et deux dans la ville de Balakliïa.
L’UE s’est à son tour dite “profondément choquée”. “La Russie, ses dirigeants politiques et toutes les personnes impliquées dans les violations continues du droit international et du droit humanitaire international en Ukraine devront rendre des comptes”, a déclaré le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, dans un communiqué. Les forces russes ont été accusées de nombreuses exactions dans les zones qui étaient sous leur contrôle, notamment à Boutcha, en banlieue de Kiev, où des corps de civils froidement exécutés ont été découverts après leur retrait fin mars. Moscou nie que ses soldats aient commis ces atrocités.
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